Interview de Morgane, actrice, qui a passé son enfance à l’étranger

“J’ai changé de pays comme on change de classe à l’école”. C’est ce que nous dit Morgane Gauvin, actrice , pour présenter son nouveau spectacle parisien sur le thème de l’expatriation: “Je joue donc je suis”. J’ai croisé Morgane via Facebook, son parcours m’a intrigué. Comment s’adapter et s’intégrer professionnellement en France quand on a suivi ses parents toute son enfance à l’étranger?

J’ai eu envie d’en savoir plus…

 

Morgane, parlez-nous de votre parcours…

Je suis comédienne, metteur en scène et auteur. Je suis née à Paris en 1987 et à 7 ans je suis partie vivre en Asie, en Afrique puis au Moyen Orient grâce à mes parents qui sont expatriés. Mon père travail dans l’hôtellerie et ces voyages ont fait qui je suis aujourd’hui.

A 17 ans j’ai mis en scène mon premier spectacle à Beyrouth puis je suis rentrée en France à l’âge de 19 ans où j’ai fait mes études au Conservatoire National de Nice et à la Faculté des Lettres. J’ai écris ma première pièce de théâtre à 21 ans et s’en est suivi une dizaine de projets depuis…

Aujourd’hui je vis à Paris et présente ma nouvelle pièce JE JOUE DONC JE SUIS.

 

Que vous ont apporté vos années d’enfance à l’étranger?

Elles m’ont bâtit. Je suis faite de ses différentes cultures, je me sens française, africaine, libanaise… et parfois on me prend pour une brésilienne !!! Je suis plutôt flattée je dois l’avouer…

Ce qui est sûre c’est que je respire toutes ces cultures car je suis fière d’avoir vécue une enfance et adolescence à l’étranger. C’est une éducation un peu hors norme mais ma famille a été suffisamment solide pour m’amener au meilleur de moi-même tout en étant baladée d’un pays à un autre.

En tant qu’enfant on absorbe énormément, car on découvre pour la première fois le monde, on apprend des tas de choses et en voyageant à cet âge là, toutes les informations qui m’entouraient ce se sont ancrées dans ma moelle épinière ! Un adulte ne reçoit pas de la même manière les cultures étrangères car il est déjà construit, alors qu’un enfant se construit de tout ce qui l’environne.

Cette diversité m’a apporté une grande liberté, car chaque pays à une vision différente de la vie, du bonheur et de la réussite. C’est une chance inouïe de pouvoir être témoin de différentes façons de vivre sa vie, cela ouvre l’esprit pour choisir comment construire sa propre vie.

 

Quels points forts avez-vous développé en changeant aussi souvent de pays?

L’adaptation et la confiance en soi.

La capacité à partir d’un pays, se détacher des amis pour se réadapter à un nouveau pays, devoir se refaire de nouveaux amis, sachant que nous partions tout le temps en milieu d’année scolaire (je dis « nous » car j’ai une grande sœur), nous étions donc obligées d’apprendre à nous adapter. Et en même temps il fallait avoir une forte personnalité pour ne pas se faire marcher dessus, savoir dire « non » et être soi.

Le plus dur est d’aller vers l’inconnu mais quand on l’a fait alors on a de moins en moins peur et un jour on est libre de foncer et de voler sans craindre de tomber car on comprend que notre seul obstacle est nous-même.

 

Quelles ont été les difficultés?

La séparation avec les êtres aimés…

Étant une personne sensible, j’ai toujours tissé des liens très fort dans chaque pays ou j’ai été. J’avais toujours « ma meilleure amie » et puis adolescente j’avais en plus « mon petit copain »… ! Donc ca été de plus en plus difficile, notamment en Afrique, au Gabon, j’avais 15 ans et c’était ma première histoire d’amour et quand il a fallu partir au Liban ça été un déchirement. Puis au Liban idem ! Heureusement le Prince charmant est arrivé un peu plus tard à Paris pour me consoler… Mais il faut avoir le cœur bien accroché et avoir foi en son destin car les histoires d’amour qui se brisent à cause de distance sont souvent vécues comme une injustice et c’est le moment où on en veut à ses parents de nous avoir fait voyager. Mais plus tard j’ai compris que je n’avais tout simplement pas encore rencontré la bonne personne, la distance n’était pas l’obstacle mais la personne elle-même, mais sur le coup, une adolescente qui découvre l’amour ou une jeune femme amoureuse ne peut pas s’en rendre compte.

J’ai donc toujours appris à garder le lien avec mes amis malgré la distance, par exemple je suis toujours très proche de ma meilleure amie de Malaisie, nous nous connaissons depuis 18 ans et nous sommes voisines à Paris! De même pour ma meilleure amie au Liban. Donc heureusement certains liens ne se brisent jamais…

 

Quand avez-vous choisi de vous lancer dans la voie du théâtre?

Très tôt, car ma mère est professeur de théâtre et elle m’a toujours encouragé dans cette voie. Mon père aussi, j’ai des parents très ouvert d’esprit et la seule chose qu’ils ont toujours souhaités c’est que je sois heureuse. J’ai donc fait mes premiers pas sur scène vers l’âge de 10 ans grâce à ma mère qui montaient des spectacles dans les écoles chaque année, puis j’ai monté mon premier spectacle à 17 ans et dès que j’ai eu le BAC je suis partie faire mes études d’art dramatique à Nice.

 

Comment avez-vous fait pour réussir?

Quelle belle question ! Je ne pense pas avoir encore « réussi » mais je suis touchée que vous le pensiez… Je vais au bout des mes rêves, sachant qu’il y a eu des hauts et des bas, comme chaque artiste et chaque être humain. Mais si le rêve qu’on a est plus fort que la souffrance qu’on vit pour l’atteindre, alors tout est possible… Je pense qu’il faut être endurant et résistant à l’obstacle. Pour revenir à la capacité d’adaptation grâce aux voyages, cela a été moteur pour tous les projets que j’ai entrepris. Et la bonne nouvelle c’est que le bonheur que procure la réalisation d’un projet est tellement grand, qu’on en oublie les difficultés traversées, comme un marathon ou un accouchement ! Donc ca vaut le coup d’aller au bout et de Rêver Grand !

 

Aujourd’hui vous présentez un nouveau spectacle en solo  “je joue donc je suis”. Ou avez-vous puisé votre inspiration?

Dans tout ce que je viens de vous écrire, les voyages, les autres, mon ressenti, mes larmes, mes joies, ce qu’il y a de plus profond en moi. J’ai eu besoin de faire ce projet comme on a besoin de parler à quelqu’un qu’on aime, je m’adresse au public et je témoigne de ma propre vie pour créer un pont avec lui et tenter qu’on se retrouve.

Si vous voulez voir la pièce à Paris, prenez vos places via le site des Déchargeurs

Bande annonce de son spectacle

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